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[Alors au trop fragile]
8 avril 2006

(J'aurais publié une page blanche, si j'avais pu.

(J'aurais publié une page blanche, si j'avais pu. Pour les mots douloureux qu'il n'est facile que de taire. Pour le coeur pris dans un étau et les angoisses insensées. Pour l'attachement dont on rit à gorge déployé et qui nous remue le ventre, qui nous fait grimper les escaliers cramponnée à la barre, les yeux dans le vide, et le coeur au bord des lèvres. J'aurais laissé la page blanche parce qu'on ne dit pas la peur, on ne dit pas le regard effrayé devant le miroir, les sanglots refoulés. On ne dit pas tout ça, parce qu'on a l'air d'aller bien, on a l'air sûre de soi. On a l'air de s'aimer, et de savoir ce qu'on mérite.
Alors qu'en fait, on ne mérite rien, on ne comprend rien, on ne sait pas à quoi s'attendre. On craint les hommes comme on a craint les coups de ceinture et les nuits dans le froid, on a peur des tromperies et des désillusions. On sait qu'ailleurs, elles sont plus belles, elles sont plus attachantes, on ne sait pas ce qu'il nous trouve, et on ferme les yeux en l'imaginant dans d'autres bras, de toute manière, qu'est-ce qu'on peut y faire ? On s'habitue à l'idée qu'on sera remplacée, que l'erreur apparaîtra flagrante. On sait même qu'on ne dira rien, qu'on sourira, qu'on n'aura pas à pardonner ce qui n'est pas une faute, ce qui est simplement logique.
Et on se voit déjà, recroquevillée dans un coin de chambre, des lambeaux de mouchoirs à nos pieds, les joues rougies par la solitude, et Kurt Cobain hurlant à la mort. Et la voix tordue par les cris, et la tête contre les murs.
La tête contre les murs, comme elle a dit tout à l'heure, oui, comme preuve ultime de dépression. Et mon silence soudain et mes yeux détournés. Souvenirs et puis, et puis, qu'y puis-je ? Putain qu'est-ce que ça veut dire, mes poings frappés contre les murs blancs et ma tête secouée en sacades, mes bleus, mes bleus, et puis la rage et la peur, et tout ce qui s'ensuit qui ne demande qu'à sortir. La vie qui voudrait s'échapper, le flot qu'on ne peut retenir, et tous ces sanglots écorchés.
La vie, oh quel beau mot. La vie qui peut s'arrêter à chaque instant, alors à quoi bon, à quoi bon construire, ou bien s'attacher ? On mourra tous et cela me paraît absurde. Je ne peux plus mourir, je ne l'accepte plus. Et cela fait des jours que je cherche à comprendre, cela fait des jours que je ne trouve pas.
Les autres, ils n'y pensent pas, c'est là la solution. Mais je refuse de me croire immortelle, je veux vivre avec ce poids, qui ne devrait même pas en être un. Je ne veux pas mourir, ou alors totalement désespérée, de mon plein gré, pour ne rien regretter. Pour me sauver.
Et en attendant je ne peux pas vivre, je ne sais pas les mots, je ne sais pas les sentiments. J'ai trop peur de moi et des autres, j'ai beau chercher je ne sais pas par où commencer, je ne sais pas quoi faire. Je ne comprends pas pourquoi... pourquoi, mais pourquoi quoi ?
C'est tellement risible, je n'ai même pas les mots.
Alors parlons du lit vide, et des mains que je voudrais sur mon corps, et d'un vide à combler, toujours, et de tellement d'instants de rien que j'aimerais partager. Parlons de ça, mais et puis quoi encore. Pour ça non plus je n'ai pas les mots, je n'ai que des vagues de mal de crâne et un bouclier de répulsion.
Une douleur en remplace toujours une autre.)

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